Categories:

Le colloque de la toute première édition des 24 heures du Droit a donné lieu à la publication d’un ouvrage « Idées politiques & séries télévisées » dont voici quelques détails techniques et une présentation.

Détails techniques de l’ouvrage 

Editeur : LGDJ

Nombre de pages : 184 pages
Date : mai 2013
N° de série : 53
ISBN : 979-10-90426-19-1

Présentation
Episode Pilote !

Mathieu Touzeil-Divina
Professeur de droit public à l’Université du Maine
Co-Directeur du laboratoire Themis-Um (ea 4333)
Directeur adjoint de l’Ecole doctorale Pierre Couvrat (ed 88), Président du Collectif l’Unité du Droit

Les présents propos liminaires forment le pitch et l’épisode pilote de la saison « Idées politiques & séries télévisées » (Saison I ; 15 épisodes dont un pilote) produite par l’Université du Maine en étroite collaboration avec l’Ecole Doctorale Pierre Couvrat (ed 88), le laboratoire juridique Themis-Um (ea 4333) ainsi que l’association Collectif l’Unité du Droit. Pour la présenter, nous répondrons successivement aux questions suivantes : s’agit-il vraiment d’études à caractère universitaire (I) ? D’où proviennent les 15 contributions retenues (II) ? Quels sont les thèmes abordés (III) ? Le droit et les idées politiques, en particulier, sont-ils à ce point présents au cœur des séries télévisées (IV) ? Et, enfin, y aura-t-il une saison II (V) ?

Vous êtes vraiment Docteur
en Droit et sciences politiques ?

(Générique du Caméléon (The Pretender) ; NBC ; 1996-2000)

C’est peut-être et à juste titre la première question que le lecteur se posera : l’ouvrage que vous avez acquis est-il un magazine de fans voire pour certains de jeunes geeks prêts à tout pour défendre leurs héros et héroïne(s) ; vivant comme eux et parfois par et pour eux ; passionnés et prêts à tout pour un autographe du Dr House (House M. D. ; Fox ; 2004-2012) ou de l’une des Desperate housewives (ABC ; 2004-2012) et enclins à vous raconter toutes les aventures (une par une) de Plus belle la Vie (France 3 ; 2004-…) ou encore du Destin de Lisa (Verliebt in Berlin ; Sat. 1 ; 2005-2007) ? Ils le sont peut-être parfois pour d’aucuns mais surtout tous et toutes sont des universitaires (confirmés ou en devenir) et principalement docteur et / ou doctorant en Droit. C’est donc un regard de juristes et de politistes qui a essentiellement été tourné vers ces séries télévisées, objet de la présente étude collective.

Comme nous l’écrivions il y a peu dans cette même collection pictave[1], l’ouvrage s’inscrit dans la lignée des opus consacrés à la confrontation du Droit et des mondes juridiques et politiques aux Arts. Thématique ouverte, dans le champ académique, par les travaux de notre collègue, le professeur Catherine Ribot en 1997 (Droit & Bande dessinée). Désormais, après avoir eu le plaisir de participer à la confrontation des mondes lyriques et juridiques (Droit & Opéra ; 2007-2008), après avoir vu fleurir les journées de type « Droit & littérature » ; « Droit & cinéma » ; « Droit & rock », « Science-fiction & Science juridique », on ne pourra que se réjouir de la continuité réalisée.

Oui, pour la journée
du 16 décembre 2011

(Générique du Caméléon (The Pretender) ; NBC ; 1996-2000)

Pour une journée, en effet, se sont donc réunis à l’Université du Maine (le 16 décembre 2011) des juristes et des politistes pour célébrer et matérialiser, au cœur des premières « 24 heures du Droit » (sic), un colloque d’échanges et de débats relatifs à la confrontation des mondes juridiques mais surtout politiques au cœur du média cathodique et ce, à travers les séries télévisées passées et présentes mais aussi nationales et internationales. Bien sûr toutes les thématiques et toutes les séries n’auront pas été étudiées et même abordées : le champ est très vaste.

On aurait par exemple aimé consacrer un ou plusieurs articles entiers à des séries « phares » comme Chapeau melon et bottes de cuir (The Avengers ; ITV ; 1961-1969 pour la première série) ou plus récemment à How I met your mother ? (CBS ; 2005-…) mais le temps a manqué. Nos contributeurs sont certes des Heroes (NBC ; 2006-2010) à nos yeux mais à moins d’entrer dans la Quatrième dimension (The twilight zone ; CBS ; 1959-1964) il était impossible de tout traiter. Certes quelques-uns avaient bien proposé des solutions peu orthodoxes à la Dexter (Showtime ; 2006-…) pour éliminer quelques contributeurs mais cette guerre larvée, qui aurait au moins satisfait les fans de Six feet under (HBO ; 2001-2005) par le nombre de cadavres rencontrés, nous aurait irrémédiablement conduit devant la Justice et la Police. Or, par peur notamment de rencontrer certains de ses représentants à l’instar des inspecteurs Derrick (ZDF ; 1974-1998) et Sam Tyler (in Life on Mars ; BBC1 ; 2006-2007) nous avons préféré opérer des choix[2].

Le Cœur a ses raisons démo-libérales
& la présente saison a 15 épisodes

(Le cœur a ses raisons (TVA ; 2005-2007)

Après une magistrale introduction réalisée par M. Benjamin Fau (Episode 1), la première partie de notre saison s’intitule : « Pouvoir(s) & religion(s), moteur incontournable des séries cathodiques ». A travers ces premiers épisodes (2 à 4), elle comprend la mise en avant de trois grands archétypes télévisuels incarnant le pouvoir : les Tudors (Showtime CBS ; 2007-2010), Battlestar Galactica (Sky1 ; 2004-2009) et, dans un tout autre genre : Sons of Anarchy (2008-…). Par la suite, a été traitée « L’expression d’idées politiques « communautaires » » et ce, à travers les quatre épisodes suivants : le féminisme au prisme des séries télévisées et notamment à travers Desperate housewives (précité – Episodes 5 et 6) ; le mondialisme et l’universalisme dans Star Trek : The original series (NBC ; 1966-1969 – Episode 7) ainsi que la notion même de communautarisme(s) au cœur de la série Oz (HBO ; 1997-2003 – Episode 8).

La troisième et dernière partie de notre saison s’intitule « Démo-libéralisme et confrontation(s) télévisuelle(s) ». Elle repose sur l’affirmation ou la négation et parfois sur la lutte et la dénonciation soit du modèle démo-libéral[3] soit encore des extrémismes qui l’entourent. Partant (épisodes 09 et 10), certains ont présenté à travers les séries Lost (ABC ; 2004-2010) et celles relatives aux vampires cathodiques comment été traitées et mises en scènes quelques idées totalitaires. D’autres (épisodes 11 à 14) ont cherché à examiner la mise en avant non seulement pendant la guerre froide mais encore de façon contemporaine, à travers les séries Palace (Canal+ ; 1988), Engrenages (Canal+ ; 2005-…) ou encore 24 heures Chrono (Fox ; 2001-2010), de ce fameux modèle démo-libéral dominant.

Pou-voir … :
ton univers impitoya-a-ble

(Générique de Dallas (CBS ; 1978-1991)

Il ressort alors indéniablement de cette première approche qu’un mot est le cœur même de la plupart des séries comme de la vie et de l’histoire des idées politiques : celui de pouvoir. Comment le conquérir ? Comment le conserver ? etc. Bien sûr, on pourrait rétorquer à cela qu’il existe aussi nombre de séries (par exemple celles pour adolescent(e)s à l’instar de la vie devant nous (TF1 ; 2002-2006) ou encore des années collège (Degrassi Junior High ; CBC ; 1987-1991)) ou même de comédies (à l’instar des célèbres sitcom) qui ne semblent pas touchées ou obnubilées par cette question du pouvoir. En effet, le premier rôle de tels médias est avant tout de vendre (par le biais notamment des recettes publicitaires) et de divertir mais n’oublions pas que même une série comme Friends (NBC ; 1994-2004) a récemment été considérée comme précisément … politique. Des rédacteurs de wikileaks ont ainsi soutenu (et démontré selon eux) « que la programmation de Friends est bien plus efficace que toutes les campagnes de propagande »[4] mettant en avant le néo-impérialisme américain.

Ce pouvoir, moteur cathodique, est évidemment celui de familles puissantes riches et politiquement installées : qu’il s’agisse dans l’histoire des Borgia[5] (Showtime ; 2011-….), des Tudors (précités), de Kaamelott[6] (M6 ; 2005-2009) ou encore plus récemment de ce remake de la série originelle : Dallas (TNT ; 2012-….). Mais ce pouvoir est singulièrement protéiforme : il s’agit de l’imperium lointain de Nations toutes entières prêtes à se faire la guerre (comme dans Band of brothers (HBO ; 2001) comme du pouvoir tel qu’on le ressent, à un niveau bien plus rapproché, dans le monde du travail et des finances ce dont témoignent de façon expresse des séries comme The office (BBC2 ; 2001-2003) ou bien évidemment comme Mad men (AMC ; 2007-…). Alors, l’incarnation de l’homme à la recherche et à la conquête de la maîtrise universelle est certainement celle d’un Jim Profit (Fox ; 1996) ou bien celle des héros des saisons de Prédateurs (the Hunger ; Syfy ; 1997-2000). Du reste, comme dans Venus & Apollon (Arte ; 2005-…) ou plus récemment avec la série Hung (HBO ; 2009-2011), les séries télévisées n’oublient pas pour autant que l’amour et le sexe sont également des moteurs du pouvoir et de la vie.

La première idéologie d’une série est peut-être celle de vendre et de faire vendre mais cela n’empêche en rien, les présentes études en témoignent, de véhiculer d’autres doctrines voire quelques dogmes.

Tournera-t-on une seconde saison
dans le Maine ou à Twin peaks ?

(Twin Peaks (ABC ; 1990-1991)

Ceux qui n’ont pas réussi à rentrer totalement dans l’univers de Twin Peaks aux côtés de Dale Cooper et de la femme à la bûche se demandent parfois si d’autres épisodes ne devraient pas être tournés ! De même, ceux qui, comme nous, ont adoré cette histoire comme celle de l’hôpital et ses fantômes (Riget ; DR1 ; 1994-1997) ou encore du Prisonnier (ITV ; 1967-1968) réclament et même osent réfléchir à une suite ou à une autre fin que celle proposée.

Il en sera de même en la matière avec le présent ouvrage. Il est évident que l’on pourrait multiplier les exemples et les supports médiatiques. En outre, parallèlement à ces actes de colloque, précédemment et postérieurement, des conférences et manifestations scientifiques se sont matérialisées[7] et de très nombreux ouvrages sur les séries et l’histoire ; les séries et la sociologie ; les séries et la philosophie ont déjà été publiés. En outre, les éditions des Presses Universitaires de France (Puf) ont même lancé leur série sur les séries (sic) (2012), collection dont le but est d’aborder le média cathodique à travers les sciences humaines.

La question est donc très sérieusement lancée et semble désormais être abordée par toutes les disciplines académiques. Les séries ne sont plus qu’un « simple » amusement et les thèses à leurs propos se multiplient. En ce qui nous concerne, comme dans the lost room (SciFi ; 2006), nous pensons qu’il y a des « portes qu’il vaut mieux laisser fermées ». C’est la raison pour laquelle, a priori, il n’y aura pas de second ouvrage suite à cette première et unique saison.

Toutefois, en guise de conclusion à cet épisode « test », on signalera deux éléments importants : sur la forme, d’abord, le lecteur notera qu’après chaque contribution, les auteurs ont répondu à un questionnaire sur leurs séries préférées ; ce questionnaire dit des « 24 heures » a en effet été distribué aux participants de cette journée mancelle et il nous a semblé intéressant et sympathique de le publier ici. Sur le fond, enfin, c’est volontairement que l’un des pans des idées politiques n’a pas été traité et analysé ici : celui du droit et de l’expression parlementaires. En effet, au printemps 2013, pour la seconde manifestation des « 24 heures du Droit » (toujours à l’Université du Maine) c’est le thème suivant qui a été retenu : « Le(s) Parlement(s) à l’écran »[8].

Autrement dit, nous ne vous donnons pas rendez-vous pour une saison II … mais plutôt pour un spin-off !

Le Mans, 22 mai 2012

[1] Touzeil-Divina Mathieu, « Propos introductifs et juridico-bédéistes : entre Droit(s) et Bande(s) Dessinée(s) » in actes du colloque « Le Droit dans les bandes dessinées » (Lextenso ; 2012 ; p. 11 et s.).

[2] NB : on retiendra aux côtés des auteurs du Dictionnaire des séries télévisées comme définition d’une série, celle de « fiction à épisodes dont chaque épisode est indépendant mais partage avec l’ensemble (…) des personnages, des décors et / ou des thèmes récurrents » : Ahl Nils C. & Fau Benjamin (dir.), Dictionnaire des séries télévisées ; Paris, Rey ; 2011 ; p. 1000.

[3] Nous reprenons ici la doctrine à laquelle nous sommes fidèle du professeur Chevallier. On s’entendra en effet pour qualifier de démo-libéralisme la synthèse (devenue triomphante au XIXème siècle) des deux théories : démocratie et libéralisme. Cf. Chevallier Jean-Jacques, Histoire des idées politiques ; de l’Esprit des Lois (1748) à nos jours ; Paris, Les cours du Droit ; 1964 ; Fascicules I à III ; sp. II ; p. 93 et s.

[4] http://fr.tv.yahoo.com/blogs/series/friends-et-wikileaks-2739.html

[5] Cités en pleine interview politique et télévisée par le Président de la République, Nicolas Sarkozy (27 octobre 2011).

[6] Il est impossible de ne pas citer à cet égard la très belle étude de notre collègue Alexandre Ciaudo, « Essai sur un système juridique d’il y a moins longtemps, dans une contrée pas si lointaine » (http://www.blogdroitadministratif.net). L’auteur y détaille notamment la personnification du et des pouvoirs à travers Arthur.

[7] On pense ainsi et notamment aux colloques : « Les séries télévisées américaines contemporaines : entre la fiction, les faits et le réel » tenu en mai 2011 à l’Université Paris 7 ou à celui intitulé « Histoire et fiction dans les séries télévisuelles » (Paris, juin 2012).

[8] Raison pour laquelle, par exemple, une série comme A la maison blanche n’a pas été ici analysée (The West Wing ; NBC ; 1999-2006).

Tags:

No responses yet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *